Expositions...

Mine de rien

 


 


 

nouvelle-photo présentée sous deux formes : une exposition et un livre (Krakoen)

L'exposition se compose de 20 photographies encadrées, caisson américain 50X50, deux cadres comprenant le texte de la nouvelle de Max Obione ainsi que la présentation du photographe, du nouvelliste et du calligraphe Francis Caudron qui a rehaussé chaque cliché d'un court extrait.

 

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De lumière et de craie...

 

Hugo Miserey est un photographe insaisissable rendant mal aisé le catalogage de son oeuvre si utile à la critique et à l’amateur d’art : impossible en effet de le ranger dans la petite boîte d’un genre de prédilection – bien à lui – dans lequel une bribe d’originalité répétée à longueur de clichés suffirait à le rendre reconnaissable parmi tous les autres. Sans doute faiblesse pour asseoir rapidement une notoriété, sûrement richesse pour constituer une œuvre au long cours faite de bifurcations, d’expériences, de recherches et de rebonds comme son site Internet l’illustre. Cette inconstance esthétique lui évite le ressassement ou l’emprisonnement de la forme. Ce « faiseur d’images », comme il se revendique, use de son droit d’imposer simultanément ou Dieppe_n12.jpgsuccessivement plusieurs modes d’expression plastique voir plusieurs esthétiques rivales. Il revendique l’expérience d’un Frégoli génial des formes – Picasso, en l’occurrence – qui disait qu’« on doit prendre son bien où on le trouve sauf dans des propres œuvres ». Délaissant provisoirement ce qui – nous semble-t-il – constitue néanmoins la dominante de sa production, dans la lignée prestigieuse des August Sander, Walker Evans ou Robert Franck, à savoir le portrait en situation des verriers de la Bresle ou des travailleurs immigrés sénégalais entre autres, Hugo Miserey explore depuis quelque temps la problématique du paysage. Son dernier travail exposé sur Etretat constitue un passionnant télescopage de points de vue.

Etretat figure sans doute parmi les sites remarquables les plus photographiés de la planète. Aussi lui convenait-il d'attendre la nuit propice aux sortilèges photographiques pour nous restituer sa propre vision fantomatique des lieux. Du bout de sa torche, à l’instar d’un Michel Seméniako, il débouche l'obscurité minérale de la craie, d'une simple notation de lumière, il nous invite à relire ce paysage tant rabâché. C'est une plongée dans un paysage mental à l'heure des songes, entre angoisse et merveilleux. Omettant sciemment leur fonction de documentation, ces photographies de Hugo Miserey se veulent des artefacts, à la fois indice de temps, indice d'espace et indice de forme, dans lesquels l’auteur signale sa coprésence de façon gaguesque Etretat_n9.jpgparfois. Ses « vues » sont des empreintes visuelles d'un lieu-dit à la fois immuable et intemporel mais aussi variable au gré de la lumière résiduelle du jour fini ou des soulignements du faisceau lumineux et des variations météorologiques. Le temps long d'exposition – autant que l’expérience intime du paysage qui en résulte pour l’opérateur – vient à annihiler tous les phénomènes externes en aplanissant par exemple les aspérités mouvantes de la houle ainsi que l’effondrement essoufflé des vagues. Les images deviennent les témoins d'un espace universel perpétuellement vide, d'un paysage devenant matière iconique. Le choix des traces, des lignes, des aplats, des volumes, comme une certaine façon de cadrer et l’extrême attention au rendu des valeurs et des densités de gris, révèlent un artiste attaché à l’enregistrement de l’épaisseur du temps dans une approche contemplative autant que graphique de ses sujets. L’incursion de Hugo Miserey dans le « paysagisme contemporain » est une réussite, ses images traduisent incontestablement la plénitude d’un regard.

 

Franq Dilo - 2004

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